Les médicaments. Nous passons beaucoup de temps à en parler. Nous dépensons beaucoup d’argent pour les payer. Dans la plupart des régimes sur lesquels je travaille, les médicaments représentent la plus grande partie des coûts des régimes de soins de santé et les statistiques des assureurs indiquent que c’est le cas dans l’ensemble de l’industrie.
Au cours des dernières années, les assureurs ont ajouté une composante axée sur la valeur à leurs formulaires de médicaments dans le but de gérer les dépenses en médicaments. En bref, cela signifie que les assureurs se réservent le droit de déterminer si l’amélioration du traitement d’un nouveau médicament vaut son prix avant d’étendre la couverture de leur régime d’assurance médicaments à celui-ci. Est-il possible que ce soit la mauvaise approche?
En général, les gens ont tendance à chercher la solution facile.
La plupart d’entre nous préfèrent prendre une pilule plutôt que de se faire vacciner, de suivre un traitement plus long ou d’attendre qu’un virus suive son cours. Cette pression des patients (ainsi que de leurs médecins) peut avoir conduit à une surprescription de la part des médecins.
Le dernier balado de Green Shield Canada, Now for Something Completely Indifferent (en anglais seulement – Passons maintenant à quelque chose de complètement indifférent), comprend une entrevue éclairante avec la Dre Danielle Martin. Vous vous souvenez peut-être d’elle comme l’exemple du système médical canadien ou comme l’auteure de Better Now: Six Big Ideas To Improve Healthcare for All Canadians (en anglais seulement — Encore mieux : six grandes idées pour améliorer les soins de santé pour tous les Canadiens). Dans cette entrevue, Dre Martin laisse entendre que nous prenons plus de médicaments que ce dont nous avons réellement besoin. Les médecins veulent aider, alors ils commandent des tests et prescrivent des médicaments, dont certains n’améliorent pas nécessairement notre santé. (Par exemple, le JAMA [le Journal of the American Medical Association] a publié une étude qui indique que les deux tiers des personnes âgées de l’Ontario qui prennent des injections de vitamines B-12 n’ont pas de carences en B-12. Les auteurs estiment que la province a dépensé plus de 45 millions de dollars pour des injections inutiles chaque année.)
Les statistiques sont surprenantes.
Dans une autre manchette qui a retenu mon attention, les dépenses en médicaments contre le cancer aux États-Unis ont augmenté de près de 60 % depuis 2013. Pendant la même période, selon Robin Feldman, auteur de Drugs, Money & Secret Handshakes: The Unstoppable Growth of Prescription Drug Prices (en anglais seulement — Drogues, argent et poignées de main secrètes : la croissance inéluctable des prix des médicaments d’ordonnance), le nombre de médicaments anticancéreux dans les essais cliniques avancés a augmenté de plus de 60 %. Entretemps, le taux global de mortalité par le cancer n’a diminué que d’environ 5 % depuis 1950 et les médicaments contre le cancer approuvés entre 2003 et 2013 n’ont augmenté la survie globale que de 3 à 4 mois en moyenne. Ces statistiques sont surprenantes, mais l’article de Feldman dans le Washington Post (en anglais seulement) est une révélation de la façon dont la législation sur les médicaments orphelins a incité les fabricants à se concentrer sur les médicaments pour le traitement des cancers rares, plutôt que sur la guérison des cancers plus courants. (Les fabricants peuvent « dominer le marché de certains médicaments sans investir presque autant… qu’il en faudrait pour créer de nouveaux médicaments »).
Nous avons besoin d’une perspective « durable ».
Il semble que la discussion sur le coût des médicaments n’est pas près de prendre fin. Alors que le Canada s’apprête à voter lors des élections fédérales avec le régime national d’assurance médicaments sur la table, nous pouvons nous attendre à entendre beaucoup parler de médicaments très coûteux. Nous devons avoir une certaine perspective pour assurer la viabilité d’un régime national de la même façon que nous devons avoir une perspective pour gérer la viabilité des régimes des employeurs. J’espère ne jamais avoir à faire un tel choix, mais nous devons chercher un traitement qui prolonge la vie et la qualité de vie pendant une durée qui reflète le coût du traitement.
Et, nous devons nous concentrer sur la gestion de la majorité des médicaments, soit ceux que nous prenons pour traiter les maladies chroniques. Bon nombre de ces affections peuvent être gérées avec des médicaments génériques moins coûteux, ce qui est une intervention simple. Et, nous ne devrions jamais sous-estimer la valeur des interventions non médicamenteuses comme ne pas fumer, choisir de manger plus de fruits et de légumes et demeurer actifs. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une panacée, des choix sains peuvent aider à prévenir la maladie et à limiter les interventions médicamenteuses.
Alors que les compagnies d’assurance continuent de comparer les coûts de traitement à leur efficacité et que les employeurs ont du mal à offrir une protection importante à leurs employés, ne revient-il pas à tous de faire les choix les plus éclairés possible?
À votre santé!
Lizann